« Que fait-on si le chien de la voisine ne s’entend pas avec le chat du voisin ? »

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Suite à notre article « Animaux en EHPAD : parlons-en ! », de nombreuses réactions sont venues nourrir le débat. L’accueil d’un animal de compagnie au sein d’un EHPAD est loin de faire l’unanimité auprès des personnes qui ont réagi.

Plusieurs commentaires soulignent que cette mesure risque de se confronter à la dure réalité du quotidien en EHPAD. Marie-Vanessa, directrice adjointe d’EHPAD, raconte : « Au sein de notre EHPAD, nous n’avons jamais interdit les animaux, partant du principe que les résidents sont chez eux. Mais n’avons pas de demande : effectivement, il faut que celui-ci reste dans la chambre du résident, que le résident s’en occupe (sorties, changement de litière, nourriture …). Or, la dépendance de nos résidents est devenue très importante. Le ménage est effectué contractuellement une fois par semaine, nous avons déjà du mal à le faire plus souvent auprès de résidents qui en ont besoin, donc hors de question que mes collègues s’occupent des animaux ou du fait qu’ils laissent des poils ou autres partout, elles ont déjà suffisamment de travail ! »

Charge de travail trop importante

La charge de travail supplémentaire engendrée par la présence d’animaux en EHPAD est au cœur des préoccupations. Pour Barran, « le personnel est souvent en nombre insuffisant pour s’occuper correctement des résidents qui réclament déjà une disponibilité qu’on ne peut leur accorder. Alors quand bien même je suis certaine que son animal est très précieux aux yeux de son propriétaire, il suffit de fréquenter régulièrement un EHPAD pour se rendre compte que les tâches liés aux animaux vont en rebuter plus d’un. Les belles idées se heurtent à la réalité du quotidien. » Un avis partagé par Margaux Bordenave : « Que fait-on du risque infectieux, nous devons nous conformer à des pratiques et recommandation du DAMRI. Que fait-on si le chien de la voisine ne s’entend pas avec le chat du voisin? Que fait-on si le chien aboie la nuit? Que fait-on si l’animal vieilli et qu’il devient incontinent? Nous n’aurons pas davantage de personnel pour gérer tout cela. »

Pour Marie, « s’il est vrai que se séparer de son animal n’est pas réjouissant », cette mesure semble difficile à mettre en œuvre. « Le temps des soignants est déjà compté, poursuit Marie, l’hygiène ne sera pas assurée au fil du temps et retombera sur le personnel. Permettre à tous les résidents de venir avec leur animal de compagnie n’est pas sérieux. Il serait bien que nos politiques viennent se rendre compte sur place des difficultés que risquent d’engendrer cette obligation ».

Quand la dépendance est un frein

La présence des animaux est déjà un enjeu sensible, mais il le devient encore plus lorsqu’il touche à un espace fréquenté par des personnes dépendantes. Margaux Bordenave indique que « les résidents sont de plus en plus dépendants, je vois mal comment le résident pourra s’occuper de son animal. » Même son de cloche pour LS : « Accepter les animaux des résidents sera très compliqué au vu de l’état de santé des personnes entrantes désormais. Le maintien à domicile engendre une entrée plus tardive dans les établissements et donc un état de santé plus fragile. Très peu de résidents seront capables de s’occuper de leurs animaux. Le personnel aura indirectement une charge de travail supplémentaire au niveau de l’hygiène, de la gestion des différents animaux présents qui ne s’entendront peut-être pas, de la gestion des consultations vétérinaires, de l’organisation de transfert dans la famille en cas d’hospitalisation d’urgence etc. »

Bien-être animal

Si beaucoup de commentaires soulignent l’importance que les animaux peuvent avoir pour la santé mentale des résidents, le bien-être des animaux risque de ne pas être totalement garanti. Anne-Marie s’inquiète du sort qui sera réservé aux animaux. Pour elle, « accueillir les animaux de compagnie des résidents pose question à savoir : que deviennent ces animaux au décès de leur maître? Les familles ont déjà du mal à récupérer les effets personnels de leur parent, quid de l’animal de compagnie ? » Pour cette dirigeante d’EHPAD, les établissements hébergeant des personnes âgées ne pourront pas accueillir toutes les bêtes. « Nous enregistrons entre 25 et 30 entrées par an. Imaginons que chacune de ces entrées veuille avoir leur animal de compagnie (voire leurs animaux de compagnie car bien souvent, il y en a plus d’un), comment s’organise-t-on ? » Une inquiétude partagée avec humour par Beatrix : « Nous avons des poules et c’est déjà compliqué de s’en occuper…et pourtant, elles donnent de beaux œufs ! »

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