Alzheimer : les premiers signes à surveiller

Depuis quelque temps, l’un de vos proches a tendance à oublier des événements récents, ne trouve plus ses mots, a des comportements inhabituels… Si vous pensez à la maladie d’Alzheimer, voici les premiers signes susceptibles de suggérer cette pathologie. Toutefois, ne vous alarmez pas à tort : ces caractéristiques ne sont significatives que si elles revêtent un caractère important et régulier, sont associées entre elles et sont évolutives.

1. Altération de la mémoire des faits récents

Le tout premier signe de la maladie d’Alzheimer est souvent une altération de la mémoire, en particulier de la mémoire des faits récents, alors que la mémoire des faits anciens est conservée. La personne peut répéter plusieurs fois de suite la même question, réitérer ses propres propos au cours d’une même conversation, acheter deux fois le même objet, oublier ce qu’elle avait prévu de faire… Typiquement, la personne ne se rend pas compte de ses défaillances, elle « oublie qu’elle oublie ».

2. Hésitations dans le langage

Un autre signe précoce de la maladie d’Alzheimer peut être une certaine difficulté dans le langage. La personne cherche ses mots, utilise des mots génériques (tels que « chose », « truc ») lorsqu’elle n’arrive pas à trouver le terme précis ou à nommer un objet. Il lui arrive aussi d’employer un mot pour un autre, d’inventer des mots ou d’utiliser des périphrases compliquées.

3. Perte d’objets

Une personne souffrant d’une maladie d’Alzheimer débutante (ou plus avancée) peut oublier où elle a rangé divers objets. Il peut s’agir aussi bien d’objets importants (documents, bijoux…) que d’objets usuels du quotidien (couteaux, fourchettes…).

Par ailleurs, la personne peut ranger certains objets dans des endroits insolites où ils n’ont rien à faire : par exemple, des clés dans le réfrigérateur.

4. Difficulté à accomplir des tâches administratives

Toutes les tâches qui impliquent un raisonnement abstrait, ou encore des calculs ou le maniement de l’argent, deviennent difficiles : gérer son budget, faire ses comptes…

Souvent, la personne y renonce et peut paraître négligente, alors qu’elle n’est tout simplement plus en capacité d’assumer de telles tâches.

5. Difficulté à accomplir des tâches quotidiennes

D’autres tâches plus quotidiennes, plus ou moins simples ou complexes, peuvent poser également problème : téléphoner, prendre ses médicaments, faire ses courses, conduire une voiture, utiliser les transports en commun, suivre une recette de cuisine ou préparer un repas.

De plus, l’esprit se détourne facilement de la tâche accomplie. Le moindre bruit fait dévier l’attention et il est difficile de reprendre ensuite l’exécution de la tâche commencée.

6. Désorientation dans le temps et dans l’espace

La maladie d’Alzheimer s’accompagne d’une désorientation de la personne dans l’espace et dans le temps.

  • Dans l’espace : même dans un endroit familier, la personne ne se reconnaît plus, perd le sens de l’orientation, ne retrouve plus son chemin, ne parvient plus à rentrer chez elle.
  • Dans le temps : la personne ne connaît plus le jour, le mois ou l’année ; il peut aussi lui arriver de ne pas reconnaître la saison.

7. Jugement erroné

L’altération du jugement, dans des situations de la vie quotidienne, est un autre signe qui peut suggérer une maladie d’Alzheimer débutante. Typiquement, la personne s’habille avec des vêtements inadaptés : trop légers alors qu’on est en hiver ; inutilement chauds alors qu’on est en été. Il peut encore lui arriver de faire des achats de nourriture démesurés alors qu’elle vit seule, ou de ne pas remarquer une blessure qui s’infecte et de ne pas la soigner.

8. Perte d’intérêt, apathie

Une perte d’intérêt progressive peut apparaître, la personne ne manifestant plus le désir de voir ses amis, de pratiquer une activité de loisir ou d’accomplir des activités quotidiennes qui lui plaisaient jusque-là. Elle ne prend plus de décisions et semble indifférente à son environnement aussi bien qu’à la vie de ses proches.

Un état général d’apathie peut s’installer, semblable à celui qu’on peut observer dans la dépression : la personne reste alors assise dans son fauteuil, désœuvrée, pendant des heures entières.

9. Troubles de l’humeur

L’entourage d’une personne souffrant d’une maladie d’Alzheimer débutante s’étonne parfois de troubles de l’humeur déconcertants, avec alternance de plusieurs états qui peuvent se succéder rapidement :

  • Anxiété : la personne est inquiète sans que rien ne le motive vraiment ; elle s’angoisse à tout propos et pose plusieurs fois les mêmes questions à son entourage pour se rassurer.
  • Irritabilité : la personne est impatiente, s’agite, s’agace, a de brusques sautes d’humeur, se met en colère pour peu de choses, ne supporte pas d’attendre…
  • Euphorie : une bonne humeur, une exubérance excessive peut soudain apparaître, avec un entrain inhabituel et des rires hors de proportion pour un oui ou pour un non.
  • Dépression : au contraire, une humeur profondément triste peut également se manifester, avec un profond sentiment de dévalorisation et de culpabilité, des pleurs, des idées noires, la peur de l’avenir et la crainte de mourir.

10. Modifications de la personnalité

Au-delà des troubles de l’humeur, des modifications plus durables de la personnalité peuvent s’installer, déconcertant l’entourage qui a l’impression de ne plus reconnaître la personne chère.

Celle-ci peut devenir méfiante de façon obsessionnelle, persuadée qu’elle est en danger et qu’on lui veut du mal ; ou encore, qu’on médit sur elle ou qu’on la vole, que son conjoint lui est infidèle… Une personne jusqu’alors très sociable peut se couper du monde ; une autre, devenir jalouse ou être décrite comme « méchante ». Une personne intrépide peut devenir timorée, etc.

Cependant, chacun de ces dix signes peut avoir bien d’autres causes qu’un Alzheimer débutant. Isolés, ils ne préjugent en rien de cette maladie. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à en parler à un médecin généraliste. Il effectuera un premier bilan et orientera si nécessaire le patient vers un spécialiste ou une équipe qui pourra poser un diagnostic, après une évaluation neuropsychologique complète et un examen d’imagerie cérébrale.

Mais, encore une fois, c’est surtout la multiplicité des symptômes qui est un signe d’alerte.

Photo by Danie Franco on Unsplash

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *